
La vie quercynoise n°3793 du jeudi 2 août 2018
Sur le plateau, entre Rocamadour et Lacave, au cœur du Parc Naturel des Causses du Quercy, une petite merveille a dévoilé, dès le dimanche 1 juillet, ses multiples splendeurs.
Une grotte est loin du tumulte du monde, c’est un univers fragile, de silence, de patience, dans un endroit clos, qui se construit au fil des âges pour se laisser un jour découvrir peut-être.
En réaménageant le site actuel de Dino Park, en 2013, Jean-Max Touron alors propriétaire des lieux, explore avec son équipe toutes les galeries d’une grotte qui n’avait pas encore dévoilée tous ses secrets : la grotte des carbonnières. Et l’on peut deviner l’étonnement, l’émerveillement qui ont saisi les explorateurs lorsqu’ils ont été face à une galerie de salles de concrétions géologiques typiques, presque uniques avec une histoire, une spécificité pour chacune d’entre elles. Sorte de témoins des merveilles de la nature que les âges géologiques peuvent façonner au fil des milliers et des millions d’années.
La grotte des Carbonnières venait d’être redécouverte. Effectivement celle-ci a été officiellement déclarée en 2004 par Serge Barlan et déjà explorée en 2000.
Exploration et ouverture de la grotte
Pour que les salles livrent une partie de leurs secrets – certains restent encore inexpliqués à ce jour – il faudra beaucoup d’efforts, de sessions d’exploration avant d’avoir fait le tour complet de la cavité, de ses moindres recoins, et de ses galeries parallèles. De 2013 à 2018, Jean-Max Touron met tout en œuvre pour que cette grotte puisse être ouverte au public.
Tout sera pensé pour ne pas altérer la grotte, tout en étant accessible, agréable et praticable pour tous : 700 m de visite sans aucune marche avec un système de faux plats et de plans inclinés (totalement accessible aux personnes à mobilité réduite), 150 spots LED qui mettent en valeur tout au long du parcours les particularités et les couleurs naturelles des 6 salles de la visite, une ambiance sonore immersive qui accompagne la visite commentée durant environ 45 mn.
La magie des âges
Les années géologiques, qui sont bien au-delà de toute proportion humaine, ont créé, façonné durant les différents âges de la terre, une merveille qui aujourd’hui ne cesse de surprendre les visiteurs. La cavité a été formée il y a 150 millions d’années, au temps des dinosaures alors que les Causses étaient recouverts par une mer tropicale.
On pourrait croire déjà avoir tout vu des grottes, mais il n’en est rien lorsque sur le parcours les salles dévoilent leurs petits secrets. Sculptées, modelées, pareil à un travail d’orfèvre, l’eau, l’érosion ont ciselé, une grande diversité de formations minérales : stalactites, stalagmites, draperies, disques, colonnes, cascades, fistuleuses, excentriques… L’impression de n’avoir jamais vu ça auparavant, de voir d’autres formes géologiques, un autre univers, c’est ce que ressent le visiteur durant tout le parcours.
6 salles – 6 univers
À chaque salle, une lumière, une ambiance sonore caractérisant celle-ci. La salle des racines, d’environ 1 000 m2, laisse entrevoir de longs filaments qui sont en fait des racines ayant trouvé un chemin dans les fissures de la terre cherchant un sol où certaines regerment et d’autres forment des lianes. De cette vaste salle des racines unique et insolite, à la grande coulée stalagmite, en passant pas la Grande Cascade, la salle de la Lanterne, c’est une succession de formations géologiques des plus variées et des plus extraordinaires qui s’offrent aux visiteurs. Une vraie féerie de concrétions. Un pilier stalagmite est entièrement recouvert de calcite, des petits cristaux aux multiples facettes qui pareil à des diamants scintillent plus ou moins suivant où l’on pose le regard. Une salle aux couleurs rougeâtres, due à l’oxyde de fer présent dans la roche, laisse apparaître un plafond de 15 m de haut. Dans une demie-pénombre, le visiteur entend de l’eau couler, et une lumière douce souligne le long de la roche, une cascade intermittente, de 11 m de haut. Une colonne de 8 m de haut force l’admiration, datant de 200 000 ans en se basant sur le fait que 2 à 3 centimètres se forment en 100 ans.
La salle de la Lanterne, renferme un trésor rare et précieux : une perle de caverne. Et comme s’il n’y en avait pas encore assez, le clou final, véritable show son et lumière de 10 mn, se joue dans la dernière salle dévoilant d’autres enchantements dont dame nature a le secret.
Quelques mystères
Les découvreurs du XXIe siècle ne sont pas les premiers à être entrés dans cette grotte. S’il n’y a aucune trace de peinture rupestre, le passage de l’homme est visible dans certaines salles. Des tessons de poterie, des bouts de charbon, un amas de calcite cassé, témoignent d’un passage humain. Mais pourquoi sont-ils venus là, pour quoi faire, une industrie du calcite existait-elle ?
Comme le précise Jean-Max Touron « certains avancent l’hypothèse que le calcite servait à faire de la chaux. D’autres suggèrent que ce seraient pour de la verrerie, pour faire du dégraissant pour des poteries, ou pouvait être utilisé dans la pharmacopée au Moyen-Âge ». Mais le mystère reste entier et questionne les chercheurs. Et puis ils restent encore d’autres salles à explorer pour le plus grand plaisir de ce découvreur qui ne se lasse pas d’être surpris par cette grotte.
Le Lot bien connu pour regorger de profondeurs secrètes n’en a certainement pas fini de nous surprendre. Comme le slogan qui existait-il y a quelques années : le Lot une surprise à chaque pas.
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
- Infos pratiques : ouvert tous les jours de 10 h à 18 h 30 jusqu’au 4 novembre. Renseignements au 05 65 32 28 28 ou sur le site internet de la grotte : www.grottedescarbonnieres.com.
Réaction de Serge Barlan, le découvreur de la Grotte des Carbonnières
Serge Barlan, découvreur de la grotte et inventeur du nom Grotte des Carbonnières, réagit à l’article paru dans La Vie Quercynoise du 26 juillet 2018.
« Lorsque je travaillais sur le parc Préhistologia, j’ai découvert en 2003, après mes heures de travail, la grotte. Je lui donnais comme nom Grotte des Carbonnières, du nom du bois qui se trouve en dessous. A la suite, j’ai écrit une lettre de 4 pages à la DRAC Midi-Pyrénées pour donner les détails et le plan de cette découverte. » Le Conservateur Régional de l’Archéologie Michel Vaginay prendra acte de la découverte dans un courrier daté du 28 octobre 2004.
« En 2016, ayant pris contact par téléphone avec le propriétaire de la grotte, j’ai remis à Jean-Max Touron la copie de la lettre de la découverte et la copie de l’acte de découverte fortuite de la DRAC Midi-Pyrénées de 2004, ainsi que des photos et film. Jean-Max Touron m’a reçu toutes les fois que je me rendais à la grotte pendant 3 ans en tant que découvreur et inventeur de la grotte des Carbonnières. Pour aller voir mon histoire rendez-vous sur http://minesite.blogg.org/ ».