Actu Lot – la vie quercynoise n°3906 du jeudi 24 octobre 2020
Renée-Marie Guibert, une figure du village de Castelnau-Montratrier, y a notamment fondé la Maison Jacob et la bibliothèque. Portrait d’une femme engagée pour la culture.
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
La médiathèque de Castelnau-Montratier, dans le Lot, est un lieu qui au fil des années est devenu un pôle culturel incontournable. Aujourd’hui de nombreuses activités scolaires, conférences, club de lecture, spectacles, exposition sont organisés tout au long de l’année. Si sa vocation est intercommunale depuis le 1er janvier 2020 et sous la compétence de la Communauté de Communes du Quercy-Blanc, à ses débuts, sa fondatrice Renée-Marie Guibert était bien loin de penser qu’elle se développerait autant.
Renée-Marie Guibert fait partie de ces figures castelnaudaises qui ont œuvré des années pour rendre l’art et la culture accessible à tous. Avec André Valmary, maire de 1981 à 2001 de Castelnau-Montratier, ils ont rendu possible la naissance d’une bibliothèque dans le village. Les prémices d’une grande histoire se dessinaient. Renée-Marie Guibert s’est aussi impliquée dans des associations caritatives.
Aujourd’hui, elle s’est retirée dans sa maison près de Castelnau-Montratier et continue de suivre les actualités culturelles sans pour autant être partie prenante. Les livres, les émissions culturelles, les concerts, restent des amis chers qui remplissent amplement son quotidien.
Libraire, une passion
« Je suis une libraire avant-tout »
se présente ainsi Renée-Marie Guibert, installée dans son salon, avec des piles de livres sur la table. Native de Cambrai, elle a vécu environ 30 ans à Paris avant de descendre dans le Sud-Ouest.
Elle raconte certes avec une pointe de nostalgie son passé mais garde cette vivacité d’esprit pour évoquer son histoire.
« Avec mon mari nous avons acheté cette maison à Castelnau en 1972 mais il est décédé en 1973. À ce moment-là je travaillais comme libraire à Paris. Puis je l’ai vendue et je suis allée travailler à la Fnac librairie rue de Rennes. Mais j’avais l’idée de venir habiter à Castelnau de temps en temps. Alors pour savoir comment se passerait l’hiver sans amis, sans rien, j’ai décidé de m’inscrire en fac au Mirail pour faire un DEUG histoire de l’art, et ma foi cette activité estudiantine était tout à fait agréable ».
Entre-temps la Fnac projetait d’ouvrir une antenne à Toulouse donc Renée-Marie Guibert a postulé pour avoir la direction de Toulouse. Elle obtient le poste et tout en continuant de travailler, sa maison castelnaudaise est devenue sa maison de week-end.

La naissance de la bibliothèque
Les livres, les salons, les éditeurs sont devenus son lot quotidien et avec une conviction aiguisée, elle souhaitait ouvrir sur Castelnau une bibliothèque pour les enfants. Elle se souvient qu’après son pot de départ de retraite de la Fnac, en 1986, elle est allée rencontrer un lundi matin André Valmary, maire de l’époque, en lui disant « maintenant je suis disponible. Donnez-moi un local et je crée une bibliothèque pour enfant. J’ai été prudente, avant d’y aller, je savais très bien qu’il y avait un public pour ce projet. L’idée lui a plu et il m’a dégagé la pièce où étaient entreposées les archives de la mairie ».
C’est à ce moment qu’elle prend contact avec la Bibliothèque de Prêt du Lot. Tous les 3 mois, les livres étaient renouvelés. Renée-Marie Guibert qui avait acquis une certaine notoriété dans son métier possédait un fonds personnel conséquent donné par des éditeurs lors de son départ en retraite.
Le catalogue de la bibliothèque de Castelnau a été de ce fait bien fourni. En 1986, la bibliothèque venait de naître. Et l’idée a beaucoup plu. En effet, Renée-Marie Guibert est allée voir les deux établissements scolaires privés et publics, a fait du démarchage dans les boîtes aux lettres qui finalement ont mobilisé et intéressé beaucoup de personnes. Elle souligne : « l’accueil auprès des écoles et des utilisateurs a été très chaleureux. Les deux écoles primaires et collège ont répondu présents. Les maîtresses venaient avec les élèves. Puis les parents ont souhaité avoir une bibliothèque pour eux ».
L’essor de la bibliothèque
Alors il fallait s’agrandir !
« Jack Lang, ministre de la Culture, dans les années 1981, encourageait ce genre d’initiative. André Valmary a eu la visite d’une personne des affaires culturelles à qui on a expliqué le projet de création de bibliothèque. Au vu du projet, il nous a assuré que nous étions le meilleur projet du Lot. Là-dessus le ministère de la Culture prenait en charge les frais pour faire une bibliothèque à condition que les travaux soient faits dans les deux ans. Et deux ans après nous avons ouvert la Maison Jacob telle qu’elle est actuellement » lance avec un grand sourire Renée-Marie Guibert.
Les Amis de la Maison Jacob
Quand André Valmary a fait visiter les lieux à Renée-Marie Guibert, il y avait une salle voûtée où il est difficile d’entreposer des livres. Donc la décision a été prise d’installer la bibliothèque au 1er étage, et la salle voûtée servirait de salle d’exposition. C’est là que l’association « Les Amis de la Maison Jacob » entre en piste, en 1990. L’association qui occupe un bel espace, avec deux salles voûtées, voit l’avenir en grand. Des conférences, des animations, des concerts, des expositions s’égrènent au fil des mois. « Nous avons toujours insisté pour avoir des expositions et des artistes de qualité. Ça a très bien marché » souligne-t-elle avec fierté.
Même si les souvenirs sont lointains, un événement l’a particulièrement touchée : « l’apothéose, c’était quand nous avons fait le vernissage du photographe William Klein. Notre belle aventure culturelle a duré pendant 20 ans ».
En 2011, Maurice Auger en prend la présidence, d’autres se succéderont et en 2020, c’est Geneviève Lagarde qui continue avec son équipe d’organiser des expositions.
« Mon souhait est que les Amis de la Maison Jacob continuent envers et contre tout d’être l’axe culturel du village. La culture est essentielle pour tout le monde » conclut Renée-Marie Guibert.
La Maison Jacob accueille beaucoup de structures et continue d‘être un phare artistique et culturel. L‘école de musique, la médiathèque, les Amis de la Maison Jacob perpétuent de faire vivre l‘art sous toutes ses formes.
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
La médiathèque actuelle
En 1989, Sabine Lasfargues est devenue bibliothécaire. La gamme des livres, les thématiques est alors devenue plus large : nouveautés, auteurs classiques, grand public, manga, BD, livres audios… Les actions se sont étoffées en essayant de toucher un large public. Depuis plus de 30 ans, la médiathèque a su développer sa propre identité, se déployer et répondre aux attentes des utilisateurs. En 2019, la médiathèque a brassé plus de 8 000 visiteurs pour 3 salariés.
Très bel article, informatif ! Merci Marie-Françoise !