La vie quercynoise n°3898 du jeudi 30 juillet 2020
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
Une drôle de silhouette frêle, tigrée, a fait son apparition dans le paysage du département du Lot. À côté de notre moustique commun « culex-pipiens » un autre hôte moins sympathique commence à faire parler de lui : le moustique tigre « aedes albopictus ». Aujourd’hui, il est implanté et actif dans les 13 départements de la région Occitanie. Il est très surveillé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) car il est vecteur de différents virus (chikungunya, dengue et zika). Selon les données de l’ARS, qui répertorie tous les signalements, sa présence a été détectée le long de la vallée du Lot et à quelques endroits touristiques.
Apparition dans le Lot
Les premiers moustiques ont été vus à Menton en 2004. Depuis, le moustique tigre s’implante progressivement en France. Il s’est propagé le long du Rhône suivant les grands axes routiers. Sa présence dans le Lot a été signalée en 2015 et depuis, plusieurs communes sont touchées. Il est donc essentiel de savoir le reconnaître, s’en prémunir et adopter les bons réflexes pour éviter sa propagation.
Entre 2015 et 2019, ce sont 39 communes du Lot qui ont été colonisées. C’est plus de 39,10 % de la population du Lot qui est exposée.

Le reconnaître
Par rapport à notre moustique « local », le moustique tigre se différencie du fait de son allure tigrée blanc et noir. Il a des points blancs à chaque articulation des pattes et il est remarquable par une ligne blanche sur la tête et le thorax. C’est un moustique de petite taille, plus petit qu’une pièce d’un centime d’euro, alors pas si facile de l’observer si on n’a pas de loupe.
Les moustiques ont une phase de développement aquatique (larves et nymphes) de 7 jours minimum. Chaque moustique à une espérance de vie d’environ 3 semaines et pond jusqu’à 100 œufs par ponte.
Ce moustique est fortement affilié à l’homme. Il vit au plus près des endroits habités car il se déplace peu. Il ne vole pas plus loin de 150 à 200 mètres du point d’eau où il est né. Donc si on repère un moustique tigre près de chez soi, cela veut dire qu’il est implanté autour de la maison.
Vecteur de maladies
Le moustique tigre est vecteur de trois maladies qui peuvent avoir des conséquences graves sur la santé : Chikungunya, Zika et Dengue. Pour chacune d’elle, des symptômes spécifiques apparaissent : fièvre et douleurs articulaires pour le Chikungunya, fièvre et maux de tête pour la Dengue, fièvre et éruptions cutanées pour le Zyka.
Pour transmettre ces maladies, le moustique tigre doit piquer une personne malade. Il se contamine, et lors d’une nouvelle piqûre, il transmettra à son tour le virus à une personne saine. C’est pour cela qu’on dit qu’il est vecteur. Mais il n’est pas qu’une seringue car il permet la multiplication du virus dans son corps durant la période d’incubation du virus.
Pour le moment un seul cas de personne contaminée a été signalé sur le Lot. Elle n’avait pas voyagé dans des zones tropicales. Cela veut dire qu’il y a une chaîne de contamination qui peut commencer, donc la prudence et la vigilance sont de mise.
Information et prévention
Afin de mieux connaître ce moustique très invasif, qui s’est très bien adapté à nos climats, Carrefour des sciences et des arts, à Cahors, propose des ateliers, des conférences à destination du grand public, des écoles, des associations ou des collectivités territoriales.
Depuis 2019, Magali Constant, médiatrice scientifique, formée spécialement pour ce genre d’intervention, assure douze demi-journées d’information. Celles-ci sont financées par l’Agence Régionale de Santé qui suit de très près la problématique du moustique. Elle référence, répertorie, via un site internet (signalement-moustique.anses.fr), la présence du moustique, permettant ainsi de voir la progression sur le Lot et les lieux principalement touchés.
Le Département participe, sur le terrain, à la campagne de piégeage des moustiques et la démoustication de lieux à problèmes est assurée depuis 2020 par un opérateur privé.
Magali Constant précise :
« l’ARS a formé des animateurs départementaux pour faire le lien entre eux et le public. Cette formation est portée par GRAINE Occitanie (Réseau Régional d’Éducation à l’Environnement) à destination des animateurs des départements concernés par les moustiques tigres. Nous n’avons pas le droit de faire des animations si on n’a pas reçu cette formation ».
Le sujet est bien trop important, avoir la bonne information est primordial. Le but des animations est multiple : informer sur les dangers, les risques sanitaires, les gestes à avoir pour éviter que le moustique s’installe et surtout signaler la présence du moustique tigre dès que l’on suspecte d’en avoir vu.
Les bons gestes à avoir
Une des meilleures préventions est de faire la chasse à toutes les eaux stagnantes autour des lieux habités : éliminer les endroits où l’eau peut stagner pendant plus de 5 jours, changer l’eau des plantes et des fleurs, vérifier le bon écoulement des eaux de pluie et des eaux usées (gouttières, regards, caniveaux…), couvrir les réservoirs d’eau, couvrir les piscines hors d’usage.
Il faut penser qu’il peut s’installer partout car il ne lui faut que quelques millilitres d’eau pour pouvoir se développer. Et se prémunir des piqûres en appliquant sur la peau des produits anti-moustiques, en portant des vêtements amples et couvrants, dormir sous une moustiquaire, utiliser des diffuseurs d’insecticides à l’intérieur et des serpentins à l’extérieur…
« Se protéger, prévenir et combattre » est le leitmotiv pour éviter la prolifération du moustique tigre et un bon moyen de lutte contre la propagation des maladies infectieuses. Mieux connaître c’est posséder les bons réflexes. Alors sans être alarmiste restons vigilants.
Pour plus d’informations : www.solidarites-sante.gouv.fr, www.santepubliquefrance.fr, www.occitanie.ars.sante.fr
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS