Dossier. Le frelon asiatique c’est le moment de s’en prémunir

MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS

Après la pyrale du buis, voici une autre espèce invasive, le frelon asiatique (vespa velutina), qui arrivée en France en 2004 dans le Lot-et-Garonne, se démultiplie de manière exponentielle. Avec une progression d’environ 100 km par an, il a commencé, en 2018 à envahir l’Europe : l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, l’Italie et même l’Angleterre. Le Muséum Nationale d’Histoire Naturelle recense, depuis le début de son arrivée sur le sol français en 2004, sa progression. Dans la rubrique « frelons asiatiques » vous trouverez aussi beaucoup de ressources pour inventorier, repérer, avoir les bons réflexes face à la découverte d’un nid de frelon.

Frelon Asiatique © Commons.wikimedia.org/ Tsaag_Valren

Les deux espèces de frelons

Par rapport aux frelons européens « vespa crabo », qui niche principalement dans des arbres morts, des souches, le frelon asiatique aime prendre de la hauteur. Les nids se trouvent à plus de 10 m du sol, et leur habitacle est un vrai ouvrage d’art, de forme sphérique à piriforme, abritant jusqu’à 2000 individus. Quelquefois mais très rarement suivant les configurations on peut les trouver dans des haies ou sous des toits. Les deux espèces de frelons ne sont pas dangereuses pour l’homme, sauf les personnes allergiques et ils n’attaquent que s’ils sentent la colonie en danger. Et lorsqu’un frelon pique, le venin qu’il dégage, attire les autres qui viennent pour le défendre. Les accidents arrivent surtout lors d’une découverte inopinée ou quand un nid se décroche. C’est pourquoi il est vivement recommandé de ne pas détruire un nid tout seul et de faire appel à de vrais professionnels.

Le régime alimentaire

Les deux espèces de frelons sont des équarrisseurs et mangeurs d’insectes. Il leur faut environ 500 g d’insectes par jour : mouches, guêpes, abeilles, sauterelles, libellules, araignées… Malheureusement, les frelons asiatiques ont pour principale subsistance : les abeilles. Les apiculteurs lors de leurs travaux de remise en fonction des ruchers, qu’ils soient professionnels ou des particuliers, ceux-ci régulièrement la triste constatation des mortalités de colonies à cause du frelon asiatique.

Menace terrible pour les abeilles

Les abeilles ont fort à faire face à différentes menaces qui les guettent : produits phytosanitaires, changement climatique, varoa, aethina tumida… Alors le frelon asiatique qui décime des ruches entières est un véritable fléau qui décourage, encore plus, les apiculteurs. L’an dernier, le Lot constatait le perte de plus de 30 % des ruchers.

M2I biocontrol, qui travaille déjà sur des piégeages pour les pyrales du buis, s’est impliqué dans cette lutte contre le frelon asiatique afin d’essayer de trouver des solutions. Olivier Guerret, dirigeant de M2I biocontrol, dans l’entretien ci-dessous, apporte des précisions sur les recherches et les moyens mis en œuvre.

Quels sont les moyens efficaces de lutte contre le frelon asiatique ?

Aujourd’hui il y a deux façons d’agir et une troisième qui est à l’étude :

  • l’utilisation d’insecticides de synthèses qui sont efficaces mais ils posent d’autres problèmes vis-à-vis des abeilles domestiques. Dans tous les cas il convient de faire appel à des professionnels pour éradiquer un nid.
  • le piégeage des reines dès leur sortie au printemps et ensuite des ouvrières quand la saison est entamée.
  • le piégeage des mâles grâce à des phéromones. Cette technique est nouvelle car la phéromone a été découverte fin 2017 par des chercheurs américains. Nos premiers essais en octobre ont donné des captures satisfaisantes.

Pouvez-vous en dire plus sur ce système de piégeage des mâles ?

La reine fondatrice doit être fécondée par des mâles pour être capable l’année d’après de produire de nouvelles ouvrières. Elle commence à être fécondée par les mâles à l’intérieur du nid vers le mois de juin, puis elle va sortir du nid pour attirer d’autres mâles à partir du mois d’août. Pour cela elle utilise une phéromone. En utilisant nous même la phéromone dans un piège, on pourra piéger les mâles et limiter la probabilité de fécondation des futures reines. Le produit est à l’étude. Nous avons eu des résultats encourageants à la fin de l’an dernier et nous procéderons encore à des essais cet automne avant de commercialiser le produit.

Comment les apiculteurs peuvent se prémunir de ce prédateur ?

Aujourd’hui les seules protections efficaces immédiatement sont des protections mécaniques (réduction de l’entrée de la ruche). Elles évitent l’entrée du frelon dans la ruches et protègent la reine.  Les abeilles se défendent elles mêmes en bloquant l’entrée de la ruche mais elles ne vont plus butiner ce qui met la survie de la ruche en jeu. Cependant, il faut aussi tenir compte du fait que les reines essaieront toujours de créer les nouveaux nids a proximité des sources de nourriture. Donc, après une année où le frelon a attaqué des ruches, déplacez-les si possible pour ne pas rendre la vie facile aux fondatrices.

Comme pour la pyrale M2I biocontrol peut les accompagner pour donner les conseils, comment cela se passe ?

Nous mettons en place un programme d’étude de protocole de protection tout au long de l’année que nous étudions d’abord avec les ruchers écoles. Les résultats seront partagés une fois que des conclusions scientifiques auront été établies.

Arrivera-t-on à éradiquer le frelon asiatique ?

L’éradication n’est pas envisageable à court terme. Cependant la souche importée en Europe est unique et son patrimoine génétique est unique donc faible. En développant un agent pathogène du frelon asiatique nous pourrions envisager l’éradiquer d’Europe. Des recherches sont en cours à ce sujet.

Propos recueillis par Marie-Françoise Plagès

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