La vie quercynoise n°3748 du jeudi 14 septembre

Moulin à eau de Brousse
De 1617 à 2017, le moulin de Brousse est l’histoire d’une famille qui perpétue toute une lignée de meuniers. Depuis quatre siècles la famille Moles, avec le moulin à eau implanté sur la commune de Castelnau Montratier-Saint Alauzie, fait perdurer le métier de meunier, ainsi que les savoir-faire anciens liés à la profession. Thérèse Rességuié-Lacalmontie, avec l’association AMBC, souhaitait organiser une journée festive un peu exceptionnelle pour fêter les 400 ans du moulin de Brousse.
Le dimanche 24 septembre les propriétaires, la famille Moles, invitent le public à partir de 9 h pour une randonnée de 9 km environ « la tournée du meunier ». 12 h apéritif offert à tous. 13 h repas « sortie du four » (tarif 12 €), des spécialités culinaires seront spécialement concoctées pour ce repas. Après-midi : présentation de l’arbre généalogique de la famille, évolution du patrimoine des moulins sur la Barguelonne du XVIIIe à nos jours, fonctionnement des moulins à eau.
Un peu d’histoire
Une personne il y a quelques années s’est intéressée à la généalogie de la famille au moulin de Brousse. Ainsi elle a pu remonter jusqu’au XVIIe siècle grâce aux documents de l’état civil et des registres paroissiaux. « C’est précieux de pouvoir montrer lors de cette journée du patrimoine, comment depuis l’origine l’ouvrier meunier épousant la fille du meunier arrive à garder toute une lignée de meunier jusqu’à aujourd’hui » précise Mme Lacalmontie-Rességuié. L’association AMBC aspirait à présenter au cours de la journée les savoir-faire rares et anciens en matière de meunerie et d’équipement. Francis et Jean-Pierre Moles, le père et le fils, sont des experts en la matière. D’ailleurs récemment ils ont été appelés par l’écomusée de Cuzals pour faire un piquage de meule. Ensuite, à la Convertoirade se trouve un moulin en ruine qui est complètement remonté. À cette occasion, l’été dernier, le père et le fils Moles se sont déplacés pour faire le cerclage de meule. Un deuxième savoir-faire rare qui sera présenté grâce à un reportage photo fait lors de ce travail.
« Ces deux savoir-faire font partie du patrimoine, c’est important de les montrer lors de cette journée anniversaire. Dans les photos on peut voir le travail à la forge. Ce qui n’est malheureusement pas palpable dans les photos, c’est d’apprécier la coordination entre le père et le fils, sans parler chacun sait exactement ce qu’il doit faire. Ils se voient, se regardent à peine mais c’est réglé comme un ballet » dit avec passion Thérèse Rességuier-Lacalmontie.
Après des recherches sur le cadastre de Napoléon, les cartes de Cassini, cette enquêtrice de l’histoire des moulins du Quercy, a trouvé 14 moulins qui longeaient une partie de la Barguelonne. Elle se rappelle « la présence de tant de moulins s’explique par le fait qu’au XIXe siècle la population est très nombreuse. Les gens faisaient beaucoup leur pain à la maison. Ils cultivaient et moulaient le blé. Fin XIXe il y a une forte migration de la population vers la ville, avec le début de la civilisation industrielle donc perte de population dans les campagnes. Puis la saignée de la guerre de 14-18 continua de vider les campagnes et surtout le métier de boulanger commençait à se développer. Puis les gens n’ont plus fait le pain. La baisse du nombre de moulins en activité est liée à la fois à la baisse des populations dans les campagnes, et à l’évolution des modes de vie ».
Alors comment expliquer qu’il reste très peu de traces de ces moulins ? Mme Lacalmontie-Rességuié commente « ceux qui ont continué d’être habités sont devenus des maisons au bord de l’eau. Certains ont toujours leur mécanisme, mais ne l’utilisent plus. Dès lors qu’on n’y habite plus, la maison se dégrade ou disparaît. Je m’en suis rendue lorsque la Chambre d’agriculture, il y a une quinzaine d’années, a demandé à l’association « Aux moulins de Quercy » de faire un inventaire des moulins sur le Lemboulas. Je suis partie avec ma carte pour me rendre directement sur les endroits précisés. Parfois, j’ai retrouvé des chaussées mais plus de traces des maisons ».
Au cours de la journée Patrice Valy, présentera grâce à sa mallette pédagogique tous les mécanismes d’un moulin à eau.