Vie Quercynoise Web, publié le 24 avril 2017

MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
Le « Cahors Fight Team » a été créé au sein du dojo de Cahors. Rencontre avec son créateur qui veut redonner l’image d’un sport décrié. Depuis septembre 2016 une section de MMA (« Mixed Martial Arts ») le « Cahors fight team » a ouvert au sein du complexe sportif de Cahors de Shizendo. Cette discipline qui n’a pas bonne presse, où beaucoup de polémiques et d’amalgames traînent à son sujet, demande à mieux se faire connaître. William Vielet, ancien champion d’Europe en équipe, de karaté passionné des arts martiaux veut donner à ce sport apparu dans les années 1990 une meilleure image qu’il n’a en ce moment.
Comment vous avez découvert les arts martiaux, quel a été votre parcours ?
Je suis venu au karaté à l’âge de 13 ans, un copain qui en faisait m’a montré ce qu’il faisait, ça m’a impressionné. J’ai accroché de suite et j’ai démarré dans le petit village de Seysses, près de Toulouse, avec un professeur qui a su me motiver. En voyant que j’étais passionné il m’a conseillé d’aller voir un plus grand club à Cugnaux. C’était un très bon coach, il voulait que je me développe. Puis je me suis entraîné tout seul en parallèle ce qui m’a permis d’avoir les premiers résultats au niveau national. À 17 ans, j’ai remporté le championnat de France en cadet. Une première en France, la catégorie venait tout juste d’être créée. C’est à ce moment-là que je suis rentré dans l’équipe de France de 17 à 24 ans.
Quel travail était demandé au sein de l’équipe de France ?
Quand on intègre l’équipe de France on est remis en question chaque année. L’année s’écoulait au rythme de stage d’entraînements sur une semaine ou des regroupements sur des week-ends. On nous mettait souvent à l’épreuve par des tests de combats pour voir comment on évoluait. Après, notre place était remise en question au championnat de France de l’année suivante. Il y a une pression énorme, celui qui n’obtient pas de résultat ne peut pas rester dans l’équipe. C’est un peu le but du jeu, c’est de la compétition de haut-niveau, donc peu d’élus. Ce sont ces raisons qui m’ont poussé à ne pas continuer dans ce sens. Quand j’ai arrêté l’équipe de France, je n’ai pas arrêté le karaté. Je voulais enseigner ce que j’avais appris, à ma belle et grande région et petite par le karaté. Ils m’ont proposé de devenir entraîneur régional, ce que j’ai fait pendant presque 10 ans. D’abord tout seul, puis avec un karatéka de l’équipe de France basé à Toulouse, nous entraînions l’équipe régionale, on sélectionnait les compétiteurs sur les différentes compétitions de Midi-Pyrénées et on les préparait pour les championnats de France. Notre but : les propulser vers l’équipe de France. Nous avons obtenu de bons résultats. Le plaisir de transmettre ce que j’aimais a été une grande satisfaction. Pendant ces 10 ans, je me suis intéressé aussi à d’autres disciplines : raid multisport (canoë, course d’orientation, et VTT), triathlon, kickboxing, boxe anglaise, pancrace et le MMA.
Quand est apparu le MMA en France ? Et pourquoi fait-il polémique ?
Le MMA a été découvert dans les années 1993, dès les premières retransmissions du Ultimate Fighting Championship UFC, mais à l’époque il ne s’appelait pas MMA, on parlait de free fight. Au début, ça avait un aspect très violent car leur but était de déterminer quelle était la meilleure, la plus forte discipline dans les arts martiaux. Sorte de fantasme qui a toujours régné. À ses débuts, quand ça a été mis au point, il n’y avait pas de protection, pas de limites de poids, pas de limite de temps… C’était des combats furieux ! Ce sont certainement pour ces raisons que le MMA a eu une mauvaise presse autant aux USA qu’en France avant que ça se tasse dans les années 2000.
Aujourd’hui les conditions de combat ont complètement changé, depuis l’instauration des mêmes règles que dans un sport, en respectant : la catégorie de poids, des rounds limités, des protections. Il n’est pas rare d’entendre qu’il n’existe pas de règles dans le MMA alors que c’est tout le contraire puisqu’il doit s’y plier. Mais les combats en France restent interdits.
Ce sport est décrié car on considère que c’est une atteinte à la dignité humaine de frapper quelqu’un au sol (les percussions au sol sont interdites en France). Les gens qui disent ça n’ont pas conscience qu’on peut apprendre à se défendre tout en étant au sol. Le jujitsu brésilien ou la Luta livre sont des arts qui se pratiquent par terre avec quelqu’un qui peut se trouver debout ou qui peut se trouver au sol avec lui, et on apprend à le maîtriser. Dans notre culture en France on nous enseigne de ne pas frapper une personne à terre, c’est normal mais quelqu’un qui fait combattre debout, qui frappe quelqu’un qui ne sait pas combattre, c’est tout aussi déloyal. Frapper une personne sans défense, c’est aussi une atteinte à la dignité humaine.
Comment abordez-vous cette section au sein du dojo de Cahors ?
Surtout par manque d’information les débuts étaient timides mais aujourd’hui nous sommes un bon groupe : 9 avec les kids et 30 avec les ados-adultes. Le travail se fait dans la bonne humeur, les exercices ne sont pas routiniers, diverses techniques sont abordées (pieds-poings, travail au sol…) mais surtout nous ne faisons pas de percussions au sol. La plupart des gens du groupe n’ont pas forcément pratiqué d’arts martiaux et le groupe est assez hétérogène.
L’important est avant tout de protéger l’intégralité physique et psychique de chacun.
MARIE-FRANÇOISE PLAGÈS
Renseignements et contact au dojo de Cahors, 150 rue de la Guinguette. Le MMA se pratique tous les lundis pour les enfants de 17 h 30 à 18 h 30 et pour les ados-adultes de 19 h 30 à 21h.