Actu Lot-La vie quercynoise n°4036 du jeudi 23 mars 2023

Le dimanche 19 mars 2023, se déroulait aux monuments au morts de Castelnau Montratier, la cérémonie de commémoration du 61e anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc.

© Marie-Françoise Plagès

Le dimanche 19 mars, en commémoration du 61e anniversaire du cessez-le-feu de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc, la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants en Algérie, Maroc et Tunisie), les anciens combattants du canton de Castelnau Montratier, le maire Dominique Marin, des conseillers municipaux, la gendarmerie, les sapeurs-pompiers et les habitants de Castelnau étaient présents en grand nombre aux monuments aux morts.

Les discours du maire et du président de la Fnaca ont souligné que ce conflit, resté sans nom pendant de longues années, a laissé des cicatrices à tous ceux qui sont revenus. Pour que cette journée ne tombe pas dans l’oubli, les anciens combattants mettent un point d’honneur à être présents chaque année le 19 mars.

Bien que la journée du 19 mars soit reconnue officiellement depuis le 6 décembre 2012, elle manque encore de visibilité ou d’attention. Il n’est pas rare de croiser, encore de nos jours, des personnes qui méconnaissent ce pan de l’histoire ou d’autres qui s’étonnent de voir autant de monde pour ce genre de cérémonie. C’est pourquoi il est important de maintenir le devoir de mémoire, d’autant plus que la guerre d’Algérie a été longtemps absente des manuels d’histoire et n’a été intégrée que récemment dans les programmes des lycées. Même si beaucoup d’anciens combattants sont encore en vie, la Fnaca reste dynamique et très représentative lors des commémorations.

Une guerre non conventionnelle

Le conflit fait état de 30 000 morts pour la France, parmi lesquels il y avaient 60 Lotois. Afin d’honorer leur mémoire à la fin de la cérémonie tous les noms étaient cités. Cette guerre aura duré 7 ans, 8 mois et 4 jours, de 1954 à 1962. Beaucoup sont partis très jeunes, à peine 20 ans, et ont été confrontés à des combats meurtriers. Plus de 2 millions de Français sont mobilisés (appelés du contingent et soldats de l’armée), « creusant ainsi des plaies qui ne sont pas encore refermées. Il est important de vivre dans un pays libre, en paix, et de ne pas s’habituer à la guerre. Une culture de paix doit se développer. Cette commémoration est essentielle pour le devoir de mémoire. Le service Guerre Algérie Jeunesse Enseignement joue un grand rôle au sein de la Fnaca. La tradition du devoir de mémoire est importante surtout quand nous ne serons plus là pour témoigner » soulignait Iréné Bardoc dans son discours. Ne pas tomber dans l’oubli encore une fois est une priorité pour ces anciens combattants.

Témoignages

Trois Lotois confiaient avec une certaine émotion encore palpable leur incompréhension de cette guerre non-conventionnelle. R., appelé du contingent, était basé dans le sud Algérien à Aïn-Sefra de janvier 1960 à décembre 1962, D. incorporé direct de juillet 61 à 62 était dans les environs d’Alger, et I. de la 25^e division d’Alger devenue après le putsch la Division Légère d’Intervention était sur Philippeville dénommé aujourd’hui Skikda. Tous les trois avaient 20 ans, comme la plupart, ils ne connaissaient rien à la guerre et ont dû faire 4 mois de préparation avant de partir. D’une voix unanime, ils ont eu l’impression d’être allés là-bas pour rien mais les stigmates de la guerre sont encore bien ancrés dans leurs souvenirs. D’ailleurs ils parlent volontiers de leurs conditions de vie et de leur arrivée en bâteau mais restent très discrets sur tout ce qu’ils ont pu voir ou vivre sur place.